L'ART DE LA COMMUNICATION DANS LE COUPLE


Il est une chose sur laquelle il n’existe pas de débat : la communication est très importante dans le couple. Ce n’est pas moi qui vous dirais le contraire !

 

Mais en vrai, c’est quoi une bonne communication ?

En  tant que thérapeute, je pense tout de suite à la communication non  violente (appelée dans le jargon CNV). Pour faire simple, elle consiste à utiliser l’expression de ses émotions comme base de dialogue, plutôt que le reproche (qui mène au conflit et/ou au ressentiment). C'est un effort, car céder à ses émotions impulsives, c'est prendre des raccourcis sur la communication.

 

Je vous donne un exemple, ce sera plus parlant.

Madame rentre du travail. Sur le trajet retour, elle tente de se détacher de la pression du boulot, et commence à lister mentalement les diverses tâches du foyer qui l’attendent. Elle réfléchit également à ce qu’elle pourra faire à manger ce soir : poisson ou viande, haricots ou carottes, riz ou pâtes, sauce au vin blanc ou crème… un casse-tête pour un repas équilibré, qui plaise à tous, sans lui faire perdre de temps. Bref, une fois la porte de la maison franchie, elle s’interroge de savoir quelle bombe nucléaire a pu retourner la maison à ce point… Monsieur passe par là et demande ce qui est prévu au menu du soir. Elle ne répond pas, car elle sent que sa colère monte. Alors que les enfants sont couchés, qu’elle a terminé la vaisselle, le linge, les comptes, la reprise du pantalon déchiré du petit dernier, elle est envahie par l’épuisement et indique qu’elle va se coucher. Son mari en profite pour lui faire une réflexion à peine audible, sur le fait que comme d’habitude, il pouvait « se la mettre sur l’oreille ». C’en est trop, elle explose, c'est une énième dispute, des reproches à gogo sur la frustration sexuelle pour lui, sur le fait de ne pas se sentir respectée pour elle; mais lui aussi voudrait bien qu’on respecte et prenne en compte ses envies de temps en temps, parce qu’après tout, on s’en fout que tout soit toujours parfait, qu’un peu de lâcher prise ça ferait du bien, etc, etc, etc.

Sans être devin… je dirais que ça ne sent pas bon ! Se hurler dessus et se faire des reproches n’est pas constructif, ça ne soulage pas ou peu, mais cela peut plonger une personne dans un état émotionnel assez terrible.

 

Alors, qu’aurait-il fallu faire ?

Ne rien dire et tourner les talons ? Sachez que le silence est un langage non-verbal, donc une forme de communication. C’est fermer la porte.

Jeter un regard noir ? C’est également une forme de communication : le langage corporel en dit long sur une émotion immédiate.

Oui mais alors quoi ????

Et bien c’est là toute l’importance de connaître la communication non-violente...

 

Dans ce cas précis (mes conseils s’adapteraient selon chaque situation), je pense qu’il est important de ne pas se coucher fâchés. Même s’il faut reconnaître qu’il est parfois difficile de garder son sang-froid (ou de ne pas être blasé), lorsque ce genre de scène se reproduit trop souvent. Mais… prendre quelques minutes : aller prendre une douche, sortir le chien, ou écouter une chanson agréable tout en se brossant les dents, permettent de s’isoler un petit peu, pour mieux revenir.

Ce moment, il permet plusieurs choses :

1/ de faire retomber la pulsion (de tristesse, de colère, d’anxiété, de ressentiment, etc). Une émotion, si elle n’est pas le rappel d’un blocage ou traumatisme, ne devrait pas excéder cinq minutes (sinon, c’est que notre inconscient cherche à l’entretenir).

2/ de se poser la question : Pourquoi ? Dans le sens « pourquoi je ressens cette émotion ? »  Est-ce un manque de reconnaissance ? Un besoin d’être entendu ? Le fait de ne pas se sentir considéré ? etc, etc, etc.

3/ de se demander :

  • si ce sentiment est ressenti comme insatisfaisant ou injuste (attention, la différence est subtile parfois). Exemple, elle ne veut pas faire l’amour, c’est insatisfaisant ou injuste ?
  • si ce que l’on reproche à l’autre, on peut se le reprocher à soi-même. Exemple, il est laxiste dans les tâches ménagères, mais est-ce que je me reproche de l’être aussi ?, et enfin
  • si l’autre est responsable de l’état émotionnel possiblement excessif dans lequel je suis. Exemple, est-ce que l’amour que je ne reçois pas par manque de sexe parle du manque d’amour que je n’ai pas reçu enfant ?

 

Ensuite, si chacun a correctement fait ce travail individuel de son côté, il s’agit de pouvoir exprimer ses émotions. Il n’existe rien de mieux que la vérité. L’authenticité, montrer sa vulnérabilité, est une preuve de confiance et donc d’amour. Quand on aime quelqu’un, on n’a pas envie qu’il souffre, et encore moins de le faire souffrir. Alors exprimer ses émotions, c’est faire comprendre que derrière la colère, la tristesse, ou toute autre émotion qui est ressentie de façon négative, il existe une souffrance. Partager cette souffrance, c’est avancer dans la compréhension de soi et de l’autre, c’est progresser sur le chemin d’une bonne communication.

Remplacez les : "C'est toujours pareil avec toi, tu dis toujours non au sexe", par "Je suis blessé de tes refus à répétition, car je me sens inutile dans notre couple. J'ai besoin de sentir ton amour pour moi, et je ne trouve pas de meilleur moyen pour le sentir, que lors d'une connexion physique. Je te désire, et j'aimerais que ce désir soit partagé, car je veux aussi te prouver que je t'aime".

Remplacez les : "Tu ne fais rien dans cette maison, alors que moi je fais tout pour toi", par "Je suis épuisée par ma charge mentale qui est trop lourde pour moi. J'ai le sentiment que ce que je fais pour le foyer n'est pas reconnu, de ne pas être considérée, de ne pas être désirée, et ça me cause beaucoup de chagrin".

Enfin, terminer par un "Je comprends mieux maintenant." et/ou un "Je te demande pardon de ne pas avoir été à ton écoute" et/ou un "qu'est-ce que je peux faire pour toi, pour que tu te sentes mieux?" serait THE cherry on the cake !!

On le voit : finalement, aucun des deux n'agit contre l'autre, mais en fonction des projections et de l'interprétation qu'il se fait de la situation, selon son point de vue. Chacun a besoin de se sentir désiré par l'autre, et de se sécuriser en rappelant que l'amour est toujours présent.

 

Mais évidemment, il reste un frein et pas des moindres… Pour pouvoir communiquer, il faut quelqu’un en face pour écouter… Si le feedback n’existe pas, alors dites vous que tout ce qui pourra être dit n’aura aucun poids, ni aucun bénéfice. N'oublions pas que, à tort, nous offrons à l'autre ce dont nous avons besoin. La solution, au-delà de savoir exprimer ses propres émotions, serait donc également de prendre en considération les réels besoins de l'autre, et non pas les siens. Donner oui, mais donner mieux !

 

Alors on se retrousse les manches, on prend un peu de recul, et on ose sortir de sa zone de confort (pas toujours très confortable d’ailleurs…) pour apprendre à communiquer efficacement ! Et si on a besoin d'un petit coup de pouce, on me contacte !