LA RECONCILIATION SUR L'OREILLER
Vraie ou fausse bonne idée? This is the question... !
Quand on parle de réconciliation sur l'oreiller, on parle forcément de dispute conjugale en amont. Alors, j'ai envie de dire que le mieux est de ne pas se disputer ... Mais ça nous arrive à tous, bien évidemment ; et même aux meilleurs, je vous rassure ! ;)
Ne pas se coucher fâché est important, mais nécessite un effort, j'ai même envie de dire que s'y tenir tient de la prouesse.
Parce qu'on a tous des jours où on n'a pas la patience, pas l'envie d'écouter, pas l'envie de comprendre ou de se mettre à la place de, et inévitablement, les incompréhensions, les non-dits, ou les petites blagues anodines se transforment en tempête. Prendre sur soi ou prendre de la hauteur peuvent parfois nécessiter une énergie considérable, du sang-froid, de l'intelligence émotionnelle et beaucoup d'amour. Donc ne pas s'endormir sur une dispute n'est pas impossible bien sûr, mais cela peut s'avérer bien difficile !
On est tous d'accord que le sexe apaise les tensions, c'est un fait. Les hormones nous permettent de libérer la pression, qu'elle soit physique ou mentale. Mais que je sache, un coït ne fait pas disparaître les problèmes pour autant...
Il s'agit là d'une contradiction dont certaines espèces animales ont pris le parti : les bonobos par exemple, sont connus pour résoudre leurs conflits grâce à l'acte sexuel. Sans distinction de sexe, la méthode est simple : "Tu es revenu sans nourriture pour les petits, comme d'habitude. On ne peut pas compter sur toi !" et hop, un petit coup de reins. "Je te pique ta maison, dégage !" et hop un autre coup de reins... Ces singes ont peut-être inspiré la période "Peace & Love", en mettant en lumière que rien ne sert de sortir de fusil de chasse, si l'on espère une communauté qui vive en paix et en harmonie.
Ok, admettons pour les bonobos. Sauf que... l'humain est bien connu pour se créer des problèmes là où il n'y en a pas, et il a appris, au fil de son évolution, à interpréter le langage non verbal, à attendre de la reconnaissance d'autrui, et surtout, à penser principalement en individuel plutôt qu'en collectif. Aussi, il faut bien l'admettre, le développement de notre cerveau est tout autant notre atout pour notre évolution, que notre tare pour nos névroses...
Et en tant que thérapeute, je peux affirmer qu'une réconciliation sur l'oreiller ne peut être possible que s'il existe davantage de désir que de ressentiment. Dans ce cas, cela veut sûrement dire qu'il n'est pas nécessaire de revenir sur un petit conflit ; tout décortiquer systématiquement peut devenir contre-productif. Le lâcher prise est aussi une forme de sagesse... (à ne pas confondre avec le fait de ne pas se respecter ou se faire respecter, bien évidemment !)
Dans le cas contraire, c'est-à-dire si les émotions sont trop fortes, empêchant tout accès au désir, impossible d'envisager un rapport sexuel, de conciliation ou de réconciliation. [Puisque, je le rappelle, le principe est que chaque partenaire soit consentant et puisse affirmer clairement son désir de/à l'autre]. Lorsqu'on est en colère, triste ou déçu.e, on vient inhiber naturellement tout désir : si notre tête est encombrée de sentiments négatifs, qu'on n'est pas dans de bonnes dispositions, autant caresser un kiwi, ce sera possiblement plus excitant que d'imaginer faire l'amour avec son/sa partenaire !
Je vous donne un exemple. Monsieur doit partir en déplacement pour le travail le lendemain. Or, il était sensé amener le petit dernier à son rendez-vous chez l'orthodontiste. Madame va râler, va ressortir les vieux dossiers, lui reprocher de ne pas s'investir, de lui faire peser ce qu'il n'est pas capable d'assumer, de ne pas prioriser sa famille, et j'en passe. De son côté, Monsieur va se défendre en rétorquant que c'est pour le boulot, qu'il n'a pas le choix, qu'il préférerait que sa vie soit plus simple mais qu'il a des responsabilités, et que si elle veut pouvoir partir en vacances en Corse cet été, ils doivent se plier ensemble à certains impondérables. Bref, vous voyez l'idée... Et je vous épargne tous les coups bas possibles, les dérives et les proportions démesurées que cette situation peut engendrer... A votre avis, après tout ça : sexe? ou pas sexe?... Perso, je dirais... appel à un ami ! (autrement dit, pour être plus claire, votre main ou votre jouet ne vous fera aucun reproche sur ce déplacement professionnel inopiné !...)
Malgré tout, l'idée de se réconcilier sur l'oreiller n'est pas si absurde que ça...
Et il existe aussi des adeptes de sensations fortes. Ceux qui ont besoin de piment dans leur vie, que le sexe devienne plus excitant, avec plus de challenge. Pour cela, il existe les fantasmes. Ceux que l'on garde secrets dans notre tête, ou ceux que nous décidons d'explorer. Alors sans aller jusqu'à certaines folies, force est de constater qu'une petite dispute pas méchante remet de l'enjeu dans la relation, et permet potentiellement d'atteindre un plaisir plus intense pendant l'acte qui suit...
Alors me direz-vous... Peut-être que LA solution est de titiller son/sa conjoint.e juste ce qu'il faut, dans le but de se donner quelques frissons supplémentaires?... Heu... Pourquoi pas ?! Cela peut être dangereux, donc c'est à vos risques et périls... Mais si vous choisissez cette option, faites-en part à la personne qui partage votre vie, afin de vous mettre d'accord, et d'intégrer les petites disputes comme un "jeu" entre vous. Si vous arrivez à être sur la même longueur d'ondes, alors, vos nuits seront plus belles que vos jours* !
Pour conclure, je dirais qu'autant que possible, ne pas se coucher sur une dispute est l'idéal. Lorsque cela n'est pas possible, laissez-vous du temps pour réfléchir, prendre de la hauteur et identifier les émotions ressenties. Plus tard, vous pourrez parler de ce qui vous touche, vous blesse, sans oublier de donner du temps d'expression et d'écoute à l'autre. Un vrai câlin sincère plus tard, vous serez de nouveau prêt.e à revoir votre Kama Sutra !
* Mes nuits sont plus belles que vos jours, de Marie Billetdoux.