On le sait, on en entend parler depuis toujours : l'arrivée d'un enfant, ça change la vie, et ça change le couple.

Tous ceux qui ont déjà des enfants seront d'accord avec ça, ça ne fait aucun doute. Mais tentons de comprendre pourquoi, de mettre des mots sur les maux, sur cette étape de vie.

 

Tout d'abord, l'arrivée d'un enfant, bien avant sa naissance, c'est beaucoup de stress : quel parent va-t-on être? Est-ce que la grossesse va se dérouler sans accro de santé, pour la maman et pour le bébé? Est-ce que la libido va rester présente pendant cette longue période de changements? Est-ce que ça va faire mal à bébé? L'appréhension de l'accouchement pour les deux parents... Et enfin, bébé est là ! Immédiatement, entre retour de couches, hormones en folie, nuits impossibles, cris incessants, c'est aussi un cauchemar qui peut commencer pour le couple, et pour soi... allant parfois même jusqu'à la dépression post-partum, joliment appelée "baby blues".

 

Aujourd'hui est né un nouveau terme : "baby clash", qui désigne la période durant laquelle le couple est en difficultés, face à l'arrivée de bébé.

 

Naturellement, il s'agit d'une étape où une mère est centrée sur son enfant : ce dernier ne peut vivre sans elle, puisque jusqu'à ses trois mois, il ne sait pas encore s'en dissocier; cela explique dans certains cas la fusion qui peut se créer entre les deux êtres. La mère découvre l'amour inconditionnel, mais aussi les difficultés à relever au jour le jour, pour prendre soin de ce petit être. Entre couches, biberons ou allaitement, reflux gastriques, bains, dents qui poussent, fièvres, terreurs nocturnes, angoisses,... les raisons ne manquent pas pour se sentir totalement accaparée voire dépassée, par ce petit bout de soi. Au point de ne plus vraiment se regarder, prendre soin de soi ni de ceux qui gravitent autour. Elle est devenue mère avant tout.

 

Le problème, généralement, est que le père, de son côté, a bien du mal à trouver sa place au sein de ce trio. Lui aussi est fatigué, il souffre de se sentir souvent impuissant, observateur, a parfois peur de mal faire, et peut s'isoler petit à petit, dans son monde intérieur ou dans d'autres activités qui lui sont plus épanouissantes (et qui lui permettent de rééquilibrer son mental mis à mal). Bien sûr, il est question de son enfant à lui aussi, et cela ne fait aucun doute qu'il a envie de partager, d'accompagner et de guider celui-ci. Mais sa reprise du travail qui intervient assez rapidement ne fait que creuser ce fossé, et peut le faire se sentir inutile, exclu, désemparé. Il reste un homme avant tout.

 

Au milieu de tout ça, la question du sexe. Pour l'homme, l'acte sexuel est un moyen de se rapprocher, de montrer son amour et de se sentir en paix, en sécurité. Or, la femme a besoin de paix et de sécurité pour pouvoir se donner lors d'un échange charnel. Chacun se retrouve sous pression de cette injonction : un couple en bonne santé est celui qui a des rapports sexuels. 

 

Le faille devient parfois si profonde, que consulter quelqu'un semble être la "dernière chance". Alors je découvre ces couples, perdus, ayant accumulé moultes ressentiments, une grande lassitude, une profonde fatigue. Mon rôle est de les accompagner vers un chemin où chacun puisse apaiser les pressions qu'il s'inflige, où ils puissent cesser les raccourcis et reprendre un dialogue de qualité qui soit constructif, où simplement, chaque membre puisse retrouver la place qui lui revient et lui convient. 

 

L'arrivée d'un enfant, même né dans l'amour et la bienveillance, peut se transformer en chaos émotionnel au quotidien. Mon conseil serait donc de ne pas vous oublier trop longtemps, de garder en tête, que vous êtes à la fois la mère/le père, mais aussi la femme/l'homme, et vous même l'enfant de quelqu'un. Votre lignée, votre parcours, vous apprendra beaucoup sur vos comportements avec votre propre enfant. Celui-ci n'est pas le ciment du couple, mais bien un cap à passer, qui révèle le potentiel de ce même couple.