IMPACT DU PORNO SUR LA SEXUALITE
La place que prend le porno n’est plus à prouver. Nous avons tous été confrontés, bon gré mal gré, à des scènes sexuelles en vidéo, qui ont parfois pu choquer.
Une chose est sûre, on le sait, le porno, c’est avant tout du CINEMA ! On voit de plus en plus d’informations sur les réseaux, en podcasts ou autres, qui divulguent les secrets du porno : un homme doit se faire des piqûres dans la verge pour garder son érection, les scènes sont coupées afin de donner l’illusion d’une longévité, les femmes peuvent prendre à quelques moments du plaisir mais simulent la très grande majorité du temps, et j’en passe.
Le message inconscient envoyé à notre cerveau, est une obligation de puissance, de performance, de plaisir et d’orgasme, plaçant la femme-objet-consentante-sans limites, au centre de « l’histoire » ; et faisant de l’homme une machine de sexe intarissable (et forcément ultra membrée). Idem pour les pornos gays, lesbiens ou autres, mettant en scène un schéma standard du dominant brutal face au soumis prêt à tout. Bref, le porno a ses codes, et nous les intègre insidieusement comme une normalité, une injection qu’il faudrait suivre pour affirmer être dans un épanouissement sexuel satisfaisant.
Etant proche de mes patients, attentive à leurs comportements, il est une constante : plus on regarde de porno, et plus le besoin se fait sentir de rechercher du « kinky ». Qu’est-ce que c’est ? Vous le saurez dans Mon Dico Sexo qui sortira en 2025 (je croise les doigts…), mais grosso modo, il s’agit d’une sexualité plus extrême, qui fait appel à des pratiques plus trash, plus hard, pour provoquer plus de sensations fortes. Alors c’est l’escalade. Celui (ou celle) qui devient accro a besoin de toujours plus. Pourquoi ? Je vais y venir.
Le problème est que ces dernières années, la grande machine du porno est ébranlée par tout un tas de vidéos dites amateur, qui pullulent partout : on retrouve le potentiel voisin, collègue, boucher, ou qui sais-je encore, en train de se filmer dans ses ébats les plus marquants (généralement intitulés par des phrases d’accroche du type : avec ma cousine, demi-sœur, neveu, etc… parce que oui, la secrétaire sexy, c’est hasbeen, l’inceste c’est mieux…). A une certaine époque pas si lointaine, on a tous bien connu le fameux « Merci Jackie et Michel ! », et on sait aujourd’hui ce qu’il s’y cachait : des femmes poussées à bout psychologiquement, à qui on a retourné le cerveau pour profiter de leur corps au-delà de ce qu’elles avaient ou auraient jamais accepté et autorisé. Donc, tout bonnement du viol…
A la place, on trouve aujourd’hui des sortes « d’influenceuses » errant dans les rues, accostant des inconnus, ou allumant un artisan venu chez elles, pour satisfaire leurs pseudos besoins de coïts pulsionnels.
Là, je dis ATTENTION, ne vous y trompez pas : ce n’est toujours pas la vraie vie ! Qu’il s’agisse de pseudo casting, de pseudo « nymphomane » (l’idée qu’on en a en tout cas, car la définition est bien différente de ce que vous pensez…), ou de pseudo M. et Mme tout le monde, cela reste du fake ! Le porno a ses tendances aussi, et actuellement, nous sommes dans une ère où l’on veut nous faire croire qu’il s’agit de la réalité, afin que le spectateur puisse s’identifier, se projeter, se dire que peut-être un jour, lui aussi trouvera cette « chienne » (terme aussi très à la mode) que les autres finissent par dégoter.
Les conséquences sont malheureusement graves :
Les hommes peuvent développer de profonds troubles et/ou complexes physiques et psychologiques (ne pas être à la hauteur, se traduisant par de l’éjaculation précoce ou des dysfonctionnements érectiles par exemple), ou imaginent que toutes les femmes sont des chaudasses sauf leur femme qui forcément est frigide, ou encore que les femmes qui ne sont pas « kinky » ne sont que des frustrées (si elles ne jouissent pas, c’est qu’elles ne l’ont pas connu lui, évidemment…).
Quant aux femmes, elles viennent me voir pensant qu’elles ont un trouble de la libido, ont une estime d’elles-mêmes plus bas que le niveau d’excitation d’un discours de Macron, et/ou dissocient tout bonnement leur corps de leur mental (les menant jusqu’à se forcer pour avoir la paix).
Mais sous ces préjugés, en réalité, quel que soit le sexe ou le genre de la personne qui devient accro au porno, le résultat est que :
- la vision de l’humain (sexualisé ou non) et de la sexualité, est altérée, créant des problèmes comportementaux divers et parfois multiples,
- le cerveau en demande toujours plus afin de ressentir l’excitation, sans quoi il peut développer des dysfonctionnements des sens,
- la tête n’est plus en mesure d’accepter la réalité (trop terne), et les fantasmes spontanés n’existent plus (puisque remplacés par des images préfabriquées).
Le travail des addictologues consiste donc à faire revenir le patient dans une réalité, au début triste et fade, mais dans laquelle avec le temps, il redécouvrira qui il est, ses propres sensations, et une connexion à soi.
Mon travail à moi, est de tenter par le dialogue, de comprendre comment cette dispersion par le porno permet d’échapper à quelque chose de plus grand (frustrations, blessures, vulnérabilité, etc). Mais aussi, je peux proposer d’autres solutions plus curieuses, telles que la musicothérapie par le chant, de l’art-thérapie, ou bien encore, mon arme secrète : la lecture érotique !
En effet, elle est l’un des moyens que j’utilise, en période de sevrage, pour recréer un univers érotique cérébral. Je me place derrière le ou la patiente, et sans contact visuel ni physique, je le/la laisse explorer, observer, écouter ses sensations corporelles lors de la lecture, afin de recréer progressivement, un univers fantasmagorique propre au patient. Puis nous en parlons, sans tabou, sans jugement, comme un état de fait.
Qu’on le croit ou non, je ne suis pas contre le porno. Il apporte aussi une forme de connaissance sur l’apprentissage de son corps et de celui de l’autre, il permet de s’ouvrir pour s’autoriser à aller plus loin avec son/sa partenaire, il permet également de libérer et de dédramatiser la sexualité, ou bien encore de provoquer une excitation commune lorsqu’il est regardé à deux. Mais, il doit être bien choisi, être utilisé avec parcimonie, avec une prise de recul indispensable. C’est là où réside la vraie difficulté : regarder du porno en tant que porno, et non en tant que substitut de sa propre vie ou intimité.
Alors si tu veux faire le point sur ta sexualité, ou découvrir mes lectures érotiques, tu sais ce qu’il te reste à faire…