LA CRISE DE LA QUARANTAINE
Je reviens à mes premières amours avec ce thème, qui était déjà le tout premier pour moi à l'époque. Force est de constater que les choses n'ont pas beaucoup changé. Je reçois des couples qui passent par des périodes difficiles après une décennie au moins de vie commune, et qui sont totalement perdus face à l'accumulation de ressentiments et d'incompréhensions parfois persistants depuis longtemps.
La crise de la quarantaine, c'est ce qu'on appelle aussi le "démon de midi" ou la "crise de milieu de vie". C'est-à-dire cette phase de vie durant laquelle on se rend compte que nous ne sommes pas invulnérables ni immortels, qu'une bonne partie de notre vécu est derrière nous, que les rides se creusent, que les cheveux s'envolent (pour ces messieurs), que la planète nous impose sa gravité (pour ces dames), et surtout, que notre vision des choses a évolué. On a besoin de se sentir plus en aligné, que notre quotidien soit en adéquation avec nos valeurs et qui l'on est, et qu'il est important de vivre avec moins de contraintes et plus de plaisir ! Simplement plus en paix.
La première chose que j'explique toujours aux couples qui me sollicitent, est que cette phase est normale : nous sommes tous des êtres différents, qui avançons à un rythme qui nous est propre, avec notre inconscient qui nous pèse proportionnellement au temps qui passe.
La seconde chose, évidente, mais que nous oublions trop souvent, est que nous avons la fâcheuse tendance à apporter à l'autre ce qui nous manque. Or, l'autre n'a pas les mêmes besoins que nous. Il est donc important de faire l'effort mental de se mettre un peu à sa place, de savoir l'écouter et communiquer, de sorte à être attentif.ve à ses besoins propres.
Mais surtout, la troisième chose, est qu'il ne faut pas avoir peur de consulter. La décision de faire appel à une aide extérieure est malheureusement prise trop tard, le plus souvent. Savoir se comprendre soi et se rendre heureux est déjà difficile. Alors lorsqu'il s'agit de coordonner son parcours avec celui d'une autre personne, et ce de façon durable voire pour toute une vie, cela relève du défi (et pas des moindres) !
Une fois que la passion s'en est allée,
que les enfants sont arrivés,
que les chaussettes sales trainent sur le plancher,
que belle-maman appelle tous les soirs au moment du dîner,
que sur le bureau s'accumulent les papiers,
que le patron vous fait trimer toute la journée...
il reste bien trop peu de place pour prendre soin de son couple. Prendre du temps pour soi et pour son couple, avec une tierce personne, permet d'obliger chacun à poser des mots, à être à l'écoute des souffrances (des siennes et de l'autre).
Alors oui, il y a toujours la solution de fermer les yeux, de laisser son mari s'acheter sa grosse cylindrée dont il avait toujours rêvé, ou de laisser sa femme faire fumer la carte bleue pour de multiples soins et autres stages à la mode (ce qui en soit, peut aussi beaucoup aider à passer le cap!); bref, d'attendre que l'orage passe. C'est un parti pris, et il est respectable ! Mais on est d'accord, ce n'est pas très épanouissant pour celui qui observe et attend. C'est même insécurisant. Et surtout, c'est risqué : de finalement trouver un refuge dans lequel s'évader du couple, de plus en plus souvent, et de plus en plus longtemps.
Chaque histoire est unique, et pourtant, se ressemble toujours un peu. Il n'existe pas de recette miracle, seulement des humains qui font ce qu'ils peuvent pour être heureux. Mais il y a toujours des dénominateurs communs pour que la relation dure : l'amour, et l'envie commune de vieillir ensemble le plus longtemps possible. Parce que oui, 1 + 1 = 3. Pas par la naissance d'un enfant, mais bien parce que chaque individu est unique, et que chacun forme un membre du couple qui représente cette 3ème entité.
A vous de décider : attendre que l'orage passe, s'opposer, de détacher, consulter, communiquer... Chacun sa façon de vivre sa crise de la quarantaine !